« Qu'est-ce qu'il s'est passé en 1789 ? Ça fait partie des symboles qui structurent notre société. »
Une personne, probablement un professeur, intervient lors d'une assemblée générale de Nuit debout à Bordeaux, en 2016 :
Ce texte, intéressant à lire, n'explique cependant pas comment le petit peuple a obtenu les armes, ni comment il les a rendues.
Henri Guillemin sur la période mai-août 1789 (1970)
Extrait de la transcription : "Des États généraux à la Constituante par Henri Guillemin" :
Le 27 juin le roi capitule et ordonne aux Clergé et à la Noblesse de se joindre au Tiers. L’Assemblée prend le nom de Constituante.
Henri Guillemin raconte « Et par conséquent ces notables, c'est-à-dire la richesse mobilière, ont l'impression qu'ils ont gagné.
Quand brusquement, le 12 juillet 1789, le roi fait marche arrière, renvoie Necker qui était au pouvoir et, étant financier lui-même, favorisait les financiers.
Le roi renvoie Necker et met à la place un gouvernement que nous appellerons d'extrême droite, avec Breteuil.
Situation dramatique. Cette fois la bourgeoisie parisienne, la grosse bourgeoisie, la bourgeoisie d'affaires parisienne, décide de se lancer — pas elle-même, bien entendu — mais de lancer le peuple contre la Bastille qui était le symbole même de l'autocratie.
On va armer le peuple. C'est très redoutable hein, et c'est dans la journée du 13 juillet 1789 qu'on va ouvrir les Invalides, où il y avait 30 000 fusils, des canons, de la poudre, et on va distribuer des armes aux pauvres gens.
On notera par exemple que deux Suisses, très importants, le banquier Pergaud et un autre banquier Genevois qui s'appelle Delessert, (Pergaud c'est un Neuchâtelois) sont là parmi les gens les plus incandescents, qui ont ramassé des fusils et qui les distribuent aux gens qui passent devant chez eux.
Vous avez Boscari qui est un agent de change et un futur membre de l'assemblée législative, agent de change, qui lui aussi ne va pas se battre, c'est pas convenable, mais distribue des fusils.
Alors ça y est le 14 juillet, le roi a reculé, on a rappelé Necker, on a gagné !
Attention ! On a gagné avec un grand risque : on a armé la plèbe.
Qu'est-ce qu'elle va faire de ces fusils ?
Alors, il faut lui reprendre ces fusils. Et on a trouvé un truc admirable, en effet qui va réussir tout de suite.
On avait distribué gratuitement ces fusils à la petite plèbe. On va les lui racheter pour 40 sous.
Alors la plupart des fusils reviennent. Vous comprenez, les gens qui avaient touché un fusil pour rien, on leur dit si vous rendez le fusil, vous avez 40 sous, ils rendent leur fusil.
Aux trois armées comme on a peur que ça leur ait donné des mauvaises idées, on va constituer tout de suite, dès le 15 juillet, ce qu'on appelle d'abord une MILICE BOURGEOISE.
Puis le mot parait tout de même trop nu, on appellera ça une GARDE NATIONALE. La garde nationale sera une armée supplétive pour faire tenir tranquille les pauvres.
Et cette garde nationale se crée à Paris, et se crée aussi en province.
Maintenant, on va faire une constitution.
On a annoncé que tous les Français devenaient des citoyens.
Mais l'abbé Sieyès fait admettre une constitution qui divise les français en deux classes.
Il y a ceux qui payent des impôts et ceux qui n'en payent pas.
On appellera tout le monde citoyen, pour rire, mais il y aura les citoyens actifs et les citoyens passifs.
C'est un chef d'œuvre d'humour noir d'appeler citoyen passif, puisque le passif c'est celui qui n'a pas le droit de vote !
Alors en somme il n'y a que les possédants ou les demi-possédants, ceux qui ont un petit peu d'argent, qui auront le droit de vote.
C'est ça, "la constitution". »
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